vendredi 19 décembre 2014

Le SuperChut contre attaque !

 
Aujourd'hui à la veille des vacances, SuperDoc partage un article un peu spécial.

Parce qu'elle pense que c'est important.

Parce que c'est un fait de société qui fait débat.

, par Mara GOYET

Un enseignant a-t-il le droit de s’exprimer publiquement sur son métier ?


J'espère que oui.  Sinon, je suis hors-la-loi depuis plus de dix ans. Et je ne suis pas la seule. Le devoir de réserve existe-t-il pour les enseignants ? Il semble que non mais un grand flou entoure cette question.  Nos blogs, nos livres, ne sont-ils que "tolérés" ?
Je passe sur le cas récent de Farida Belghoul qui semble avoir des problèmes avec le rectorat de Versailles. L'affaire est complexe et ne concerne pas uniquement ses prises de positions publiques.  Je ne pense pas d'ailleurs qu'elle soit représentative des enseignants blogueurs, militants, édités, commentateurs etc. Je préfère m'attacher aux professeurs qui ont une démarche plus constructive (en bref, qui ne prônent pas de ne pas envoyer les enfants à l'Ecole et qui se basent sur des faits pas des fantasmes). Ceux qui aiment l'Ecole, qui y croient (de différentes manières), qui y sont au quotidien, qui  réfléchissent, qui en bavent, qui s'y plaisent, qui trouvent des solutions, qui critiquent (avec discernement, il ne s'agit pas de publier le nom des collègues qu'on n'aime pas, de balancer sur la place publique tout ce qui nous passe par la tête), qui déconstruisent, qui détricotent, qui animent le débat public sur l'Education et qui ont raison de le faire, quelles que soient leurs orientations (pédagogues, Républicains, un peu des deux, rien, personnels, aristotéliciens, guymolletiens ...).
Il y a eu, récemment, ce cas  d'un enseignant qui a choisi de fermer son blog après des pressions de sa hiérarchie à propos d'un billet critique sur le numérique. La lecture de divers articles ne m'a pas permis de savoir précisément de quel type de pression il s'agissait (menace de blâme ? sous-entendu ? avoinée ?). Il n'empêche que c'est inquiétant. Personnellement, je n'ai jamais subi la moindre pression, ni du Rectorat, ni d'un chef d'établissement, ni de mes collègues, ni du Ministère, ni de l'Inspection. Je ne pense pas avoir été saquée (ni protégée) pour mes écrits. Peut-être ai-je été privée de quelques opportunités dans ma carrière (ministre, formatrice, pom-pom girl, employée du mois) mais rien, absolument rien, ne me permet de l'affirmer. A ce titre, il faudrait savoir ce qu'ont vécu les uns et les autres.
Il faudrait aussi que l'on sache à quoi s'en tenir. Cela dépend-il des rectorats ? Des gouvernements ? De la notoriété ? De l'éditeur ? De l'hébergeur ? Du type de site, de production ? Il serait bon que le Ministère  ne laisse pas tout le monde dans le flou (ce serait peut-être l'occasion, pour lui, de mesurer le rôle des enseignants (nombreux)  qui, avec des points de vue multiples, de toutes parts, de nombreuses manières, témoignent, militent, réfléchissent,  racontent,  s'insurgent,  bataillent, discutent, non pour cracher dans la soupe, non pour faire les intéressants mais parce qu'ils sont attachés à l'Education nationale ). Histoire que l'on sache quelle est la règle (hormis le statut, les droits et devoirs des fonctionnaires), la loi, histoire que l'on sache ce qu'ils veulent aussi. La libre expression des enseignants à propos de leur métier est-elle considérée par nos hiérarchies comme une trahison, une menace ou comme...une chance ?
Oui, une chance. Transformer l'Education nationale en "Grande Muette" ne me semblerait pas, en effet, l'idée du siècle. L'Ecole a besoin de cohérence, certes, mais pas de caporalisation.
 
 
 
En arrivera-t-on à ça ?
 

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